Cercles, rectangles et carrés s’enchaînent et se déchaînent, pour s’inscrire à leur tour dans des espaces géométriques de dimensions plus importantes. La surface picturale, travaillée en fines couches à l’huile ou à l’encre, découpée en modules amovibles retenus par des aimants, invite à un jeu de combinaisons étonnant. Au gré de la combinatoire, l’œuvre est en effet appelée à prendre des libertés, dans une variété de possibles pouvant aller jusqu’à six mille cent quarante quatre compositions différentes pour un tableau comportant quatre panneaux. Pour des réalisations plus complexes, à neuf modules, il est possible d’obtenir des solutions quasi infinies (plus de deux milliards !). L’aventure est à la fois ludique et unique ; l’œuvre se métamorphose au gré de l’imaginaire du spectateur et de son désir d’exploration, le plongeant dans une vision sans cesse renouvelée. Un exercice à la fois fascinant et aisé à accomplir, auquel nous invite l’artiste.
Au cours de ses années parisiennes, Charles Chirinian, formé à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris en section d’architecture, a côtoyé les œuvres d’illustres prédécesseurs tels Theo Van Doesburg, Robert Delaunay et Piet Mondrian, qui ont séduit puis imprégné sa démarche artistique. Il se présente néanmoins comme un héritier de l’Art concret, notamment des artistes zurichois Max Bill, Richard Lohse et Camille Graeser, un art lié à l’abstraction géométrique et au dessin industriel, qui prend forme autour de la couleur, de l’espace, de la lumière et du mouvement. De cet art, Max Bill écrivait en 1936 : « La création concrète est cette création qui naît de ses propres moyens, suivant ses propres lois, sans les déduire ou les emprunter aux apparences extérieures… ».
C’est ce que cherche à nous communiquer Charles Chirinian, à travers un concept original et fruit de longues recherches depuis 2000. Visuellement, une orchestration de droites, d’obliques et de diagonales aux subtils dégradés de tons basés sur les couleurs complémentaires, compose avec des rouges-orangés, des jaunes, une large palette de bleus ou une gamme de verts juxtaposant des roses. L’ensemble des couleurs scintillent à côté d’un blanc ou d’un dégradé de gris. Un travail passionnant, soigneusement structuré, inhabituel et original à découvrir !
Charles Chirinian vit et travaille à Nyon. D’origine arménienne, il est né à Paris en 1946. Après des études d’architecture à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, puis d’urbanisme, il conçoit de nombreux projets pour des bureaux d’architectes parisiens, puis pour son propre compte, avant de venir s’établir en Suisse, à Nyon, en 1984. C’est en urbaniste qu’il poursuit sa carrière et participe à divers aménagements et conceptions architecturales au service du développement territorial du canton de Vaud. Parallèlement, dès l’âge de quatorze ans, il s’intéresse au dessin et à la peinture et se consacre aux arts plastiques, utilisant diverses techniques telles que l’huile, l’acrylique, l’aquarelle et l’Ecoline . Dès 2000, il imagine un travail original, objet de la présente exposition et montré pour la première fois.
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